Diébédo Francis Kéré, l’humanisme au cœur de l’architecture.

by admin| in Architecture, Art on avril 24, 2018 8:38

L’architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré a été salué unanimement dernièrement pour l’obtention du prestigieux prix Pritzker, équivalent du Prix Nobel de l’architecture. Une consécration salutaire pour l’ensemble de sa démarche, basée sur l’humain. Il va ainsi s’appuyer sur les ressources locales, susciter l’envie et la participation des communautés locales pour ériger des ouvrages tant durables qu’élégantes et ce, depuis toujours.

S’appuyer sur l’humain est un pari risqué mais capable de soulever des montagnes. Inspirer confiance en utilisant des matériaux qui peuvent parfois considérés comme dérisoires lors de la saison des pluies comme l’argile au Burkina, le défi est toujours de taille pour chaque projet. Et pourtant, Diébédo Francis Kéré a su ériger des écoles, des logements, des hôpitaux mais aussi des musées … . Pour chaque projet, il va engager la communauté concernée pour son développement et son entretien, de façon à transmettre ses savoirs tout comme l’appropriation du projet.

 

« Ne faites pas comme tout le monde. Cherchez une autre manière d’utiliser vos compétences pour aider votre communauté »

 

Né en 1965 à Gando au Burkina Faso, son enfance est marquée par l’inconfort : son village est en ce temps-là dépourvu d’électricité et d’infrastructures, c’est la communauté qui permet de faire tenir l’ensemble du village. Il grandit dans ce contexte difficile et à l’inconfort des salles de classe et se jure de construire un jour des écoles dignes de ce nom pour les enfants africains. Il devient charpentier puis part en Allemagne grâce à l’obtention d’une bourse professionnelle. C’est donc tout naturellement que son premier projet a été la création de l’école de Gando, salué du prix Aga Khan en 1998 durant ses études. Il obtient son diplôme de l’Université Technique de Berlin en 2004.

 

 

 

« Même les plus dépourvus ont droit au confort, et à la beauté »

Diébédo Francis Kéré associe ingénierie moderne et savoirs traditionnels locaux, adaptés à chaque situation. Ainsi, chaque projet est véritablement unique, le savoir-faire local est valorisé et perdure, en associant les communautés à le préserver et le célébrer. L’ensemble de ces techniques tend au rafraîchissement naturel des structures construites dans une perspective durable et responsable.

 

L’architecte burkinabe Diébédo Francis Kéré, premier Africain à détenir le prix Pritzker, est ainsi depuis toujours le porte-parole d’une démarche engagée pleinement autour de la justice sociale et le droit pour tous à de meilleures conditions de vie.

« J’espère changer le paradigme, pousser les gens à rêver et à prendre des risques. Ce n’est pas parce que vous êtes riche que vous devez gaspiller du matériel. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on ne doit pas essayer de créer de la qualité »

 

 

Anouk Bertaux Historienne de l’art