
De la terre elle en a fait de l’or. Reconnaissable par ses pièces ornées de masques, la céramiste camerounaise a su faire de sa ténacité un véritable atout, dont les céramiques ont parcouru le monde. Du Cameroun à la Chine, Djakou Kassi Nathalie peut être considérée comme une source d’inspiration sous de nombreux aspects puisqu’elle a contribué à la valorisation du travail de l’argile, en renouvelant sa perception et sa fonction restreinte parfois uniquement à des pièces utilitaires.
Née en 1975 et baignée dans l’argile depuis son enfance, par un père qui ramène régulièrement de l’argile polymère à la maison et qui dessinait, Djakou Kassi Nathalie entre à l’école d’art de Mbalmayo de 1992 à 1995 puis trois ans à l’institut Samba Supérieur de Yaoundé de 1995 à 1998. En 1998, elle devient instructrice à son ancienne école de Mbalmayo (Cameroun), où elle introduit le cours « Martial Technology ».
Impliquée et engagée dans la valorisation et l’enseignement de son art tout d’abord au Cameroun, elle occupe différentes fonctions liée à la céramique, sa spécialité. Elle exerce principalement à ses débuts dans son atelier tout comme avec de nombreux artistes de renom avant de partir vivre au Nigeria en 2015 sans cesser ses engagements qu’elle a initié en montant un groupe de céramistes camerounais, nommé DECERAM, en 2013.
“le masque qui revient toujours dans mes œuvres est ma signature et symbole de l’être humain. Pour dire qu’en
toute chose que nous faisons nous humains, nous sommes toujours responsable. Nous devons toujours assumer.”
Djakou Kassi Nathalie
Son style se caractérise par la présence de masques, savant alliage avec la féminité que l’on retrouve beaucoup dans ses pièces. Elle aime varier les matières comme par exemple la pierre, sans cesse en quête d’amélioration et de créativité comme elle tient à le préciser. D’une certaine façon, elle tend à dépasser les limites de l’argile, au-delà de cette matière, la poussant toujours plus loin. Preuve que sa
persévérance paie, elle est titulaire du premier prix africain des métiers d’art de Ouagadougou (Burkina Faso), prix obtenu en 2012.
Djakou Kassi Nathalie ne s’arrête pas là. Depuis son installation au Nigeria, elle poursuit son chemin, participe à de nombreuses expositions déployant sans faillir son talent et sa créativité. Un des événements majeurs ayant contribué à son essor international est sans doute sa première exposition en duo avec l’artiste Ato Arinze à Lagos, intitulée « Beyond Functions 1 ». Également une des 100
lauréates du concours d’art Union Bank en 2017, elle est représentée aujourd’hui par des galeries internationales y compris à Dubaï.
« Se démarquer et valoriser la céramique passe par le travail permanent, la nouveauté, la créativité permanente, honnête dans les commandes, la participation aux expositions, aux compétitions […] garder la foi en temps de vache maigre. »
Djakou Kassi Nathalie
“L’art, c’est la patience, le travail ardu, le découragement des autres mais la persistance paie.”
Djakou Kassi Nathalie
Djakou Kassi Nathalie est donc une céramiste inspirante de par son parcours et l’énergie qu’elle déploie, encourageant les personnes qui la suivent à se dépasser, à persister même dans les situations les plus délicates. Véritable modèle, c’est une artiste céramiste à suivre.
Par
Anouk Bertaux, historienne de l’art/African Parure
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