Parmi les personnes influentes du monde artistique contemporain, et particulièrement de l’art contemporain africain, il faut s’attarder sur l’homme camerounais Simon Njami.
Simon Njami est cet homme souvent habillé de nuances de noir, comme mettant en valeur ses pensées qu’il distille dans ses diverses activités. Né à Lausanne, en Suisse, sa nationalité est pourtant camerounaise et son cœur, pourrait-on dire, cosmopolite, sans frontière. A cela s’ajoute un parcours particulièrement intéressant. Essayiste, écrivain, critique d’art, directeur artistique des Rencontres de Bamako de 2001 à 2007 et rédacteur en chef de la Revue Noire de 1991 à 2001, référence dans le milieu ayant contribué à la valorisation de l’art africain, Simon Njami demeure insatiable. Une personnalité incisive, biographe de James Baldwin et Léopold Sédar Senghor, Simon Njami est un homme à suivre de près.
Dans ses nombreuses expositions, il montre la diversité des pratiques et les individualités de ce qui forme aujourd’hui l’art contemporain africain. Les thèmes sont variés, que ce soit pour l’exposition « Africa Remix » (présentée à Düsseldorf, Londres, Paris, Tokyo, Stockholm, Johannesbourg entre 2004 et 2007), ou encore l’exposition « La Divine Comédie », réunissant près de 40 artistes africains autour de l’œuvre de Dante. Il a également été directeur artistique pour les 12e et 13e éditions de la Biennale de Dak’art, en 2016 et 2018.
Comme il le dit lui-même à RFI Afrique en 2016, « les enjeux de l’art contemporain, c’est la transformation du continent. C’est un frémissement et non pas un boum, car le boum est soudain. Le frémissement est le fruit d’un travail de longue haleine, là où l’art contemporain africain se retrouve aujourd’hui, c’est un endroit d’où il ne descendra pas. En revanche, il y a des effets de mode qui sont
un peu poudre aux yeux et c’est pour cela que je parle de frémissement et pas de boum. » « Il faut donner aux gens les moyens de se penser, de leur donner les moyens d’avoir des outils, et de leur donner les moyens de fabriquer des outils qui sont endogènes et qui leur permettent de ne pas être des suiveurs mais des acteurs de leurs propres desseins. » (Entretien pour Think Africa, juin 2016)
Quand certains parlent de renaissance par rapport à l’Afrique, lui préfère le terme de réenchantement, tout simplement parce que si on doit parler de renaissance c’est que l’Afrique était morte, or ce n’est pas le cas. Voici son explication, toujours dans un entretien pour Think Africa en 2016 : « Le réenchantement, c’est redonner du sens, redonner de la magie. Réenchanter le monde, c’est réenchanter les humains, c’est dire aux gens qu’ils peuvent. Le réenchantement, c’est lutter contre le pessimisme et la fatalité… C’est relever la tête et agir… »
C’est peut être ainsi qu’il faudrait revoir notre perception du monde : une possibilité infinie de pouvoir le réenchanter, en relevant la tête et passer à l’action. En s’inspirant de Simon Njami, en quelque sorte.
Anouk Bertaux, historienne de l’art.
africanparure.com
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